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Dossiers mardi 30 novembre 2021

Défendre les artistes engagés

Me Andra Matei

Par Johanne Landry

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Le droit est un domaine d’étude qui peut nous apprendre ce qui est juste et ce qui ne l’est pas, expose MAndra Matei. « La vie est complexe et j’ai toujours eu du mal à voir les choses en noir et blanc seulement. Le droit contribue à clarifier cette complexité », dit-elle. S’est ajouté, parmi les aspects qui l’ont attiré vers le droit, un fort désir d’aider ceux qui sont en situation de vulnérabilité. « Le droit peut être intimidant, difficile à saisir pour ceux qui le ne pratiquent pas. C’est un monde particulier, avec un langage et des règles spécifiques. Je voulais le comprendre, pour ensuite le démystifier, le démocratiser, le rendre accessible à ceux qui en ont peur et qui le voient davantage comme un instrument de coercition plutôt que comme un instrument qui protège et renforce leurs droits et libertés. »

Mes Andra Matei, David E. Roberge et Anne-Marie Santorineos

Avant de fonder Avant-Garde Lawyers, un réseau international de juristes spécialisés en droit de l’art et de la liberté d’expression artistique qui veille à la protection du droit des artistes de penser et de créer en liberté, Andra Matei a travaillé au sein de la Cour européenne des droits de l’homme où elle a évalué la manière dont les autorités judiciaires nationales défendaient les droits des requérants. En parallèle à sa pratique juridique, MMatei a enseigné les droits de l’homme et le droit constitutionnel, entre autres à l’École du Barreau, au Campus mondial des droits de l’homme et à l’Université de New York à Paris. Titulaire d’une maîtrise spécialisée en droits de l’homme obtenue au Global Campus of Human Rights de Venise, elle possède aussi un diplôme de troisième cycle de la Faculté internationale de droit comparé de Strasbourg. MAndra Matei a pour ambition de démocratiser et de transformer les services juridiques prodigués aux artistes par l’utilisation de stratégies uniques, notamment par la mobilisation d’équipes comprenant à la fois des juristes et des experts en art.

Qu’est-ce qui la passionne dans ce domaine? « Les artistes expriment souvent, à travers leur art, des idées politiques et sociales et soulèvent des questions d’intérêt général qui incitent au débat essentiel dans une démocratie. À cause de cela, ils sont menacés, censurés, emprisonnés et harcelés partout dans le monde. Aujourd’hui les artistes sont ciblés pour leur travail de la même manière que les journalistes, mais ils restent un groupe vulnérable dont on parle peu et qui mérite une protection plus grande. Il y a urgence de préserver une des valeurs fondamentales de nos démocraties qu’est la liberté d’imaginer et de créer librement », répond-elle.

Honorée de recevoir le Prix Paris-Québec 2021, MAndra Matei conclut en affirmant que « défendre des artistes parfois dans des pays où le système judiciaire ne fonctionne pas, c’est difficile. Cette reconnaissance de mon travail par mes consœurs et mes confrères me touche beaucoup, car je sais qu’ils comprennent bien les défis et les difficultés de cette démarche. Ce prix est important aussi parce qu’il met en lumière le problème de la liberté d’expression artistique. »

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