Dossiers mercredi 8 mars 2023
Du droit de la famille à l’Assemblée nationale du Québec
Me Brigitte B. Garceau, Ad. E.
Par Johanne Landry
Que ce soit dans la pratique du droit de la famille, dans l’engagement communautaire ou dans un rôle de députée, le fil directeur qui relie les actions de Me Brigitte B. Garceau, Ad. E., c’est redonner.
Alors qu’elle complétait un baccalauréat en sciences politiques à l’Université Carleton à Ottawa, Me Brigitte B. Garceau a suivi un cours sur les femmes et le droit. Ce fut le déclencheur qui l’a incitée à bifurquer vers des études dans ce domaine et dès le début, il était clair pour elle qu’elle s’orienterait en droit de la famille. « À cause de l’aspect humain lié à ces gens que l’on rencontre au moment où ils traversent une période difficile et se sentent vulnérables comme parents devant l’inconnu », explique-t-elle. En effet, pour plusieurs personnes, la séparation ou le divorce représentent l’occasion où elles consultent un avocat pour la première fois. Il faut donc expliquer à celles-ci leurs droits et leurs recours ainsi que le processus judiciaire qui, au fil des ans, est devenu complexe et coûteux.
Trouver des solutions dans l’intérêt de tous, et surtout dans l’intérêt des enfants, Me Garceau veut le faire le plus souvent possible en empruntant un processus de règlement à l’amiable. Aller devant la cour pour obtenir une ordonnance ou un jugement qui impose à un parent à quel moment il pourra voir ses enfants et dans quelles conditions est difficile à accepter et ne devrait être utilisé qu’en dernier recours, pense-t-elle.
Admise au Barreau en 1992, Me Brigitte B. Garceau est entrée cette même année au cabinet Robinson Sheppard Shapiro où elle est maintenant associée au sein du groupe en droit de la famille. Elle est également médiatrice accréditée en matière familiale depuis 1997. Un jour, elle a reçu un appel d’une dame qui avait besoin de ses services. Son conjoint n’avait pas renvoyé son enfant en Australie, malgré l’entente pourtant prévue à cet effet, l’enfant y résidant de façon permanente avec sa mère. Cette affaire représenta le premier contact de Brigitte Garceau avec la Convention de La Haye. Elle a depuis mené plusieurs dossiers d’enlèvement d’enfant à l’international, souvent avec l’assistance du ministère de la Justice, et elle a acquis au fil des ans une solide expérience dans le domaine. « J’ai été invitée à me joindre comme Fellow de l’International Academy of Family Lawyers. Nous sommes une cinquantaine de Canadiens à en faire partie. C’est un beau débouché sur un réseau international, où nous avons l’occasion d’échanger avec des collègues d’autres pays », mentionne Me Garceau.
Les enjeux du droit de la famille
Parlant des grands enjeux actuels en droit de la famille, Me Garceau déplore l’augmentation de la violence conjugale et familiale mentionnant que le Refuge pour les femmes de l’Ouest de l’Île, dont elle a été conseillère juridique, administratrice, puis présidente du conseil d’administration, a reçu l’an dernier 14 000 demandes d’aide alors qu’il en recevait plus ou moins 4 000, il y a quelques années. « C’est énorme! Les circonstances liées à la pandémie de la COVID-19 ont contribué à cette escalade. Nous le voyons également dans les dossiers que nous traitons au cabinet. »
D’ailleurs, les changements apportés à la Loi sur le divorce en 2021 intègrent dorénavant des critères particuliers concernant la violence familiale. La loi la définit et inclut des situations comme la violence psychologique, la violence physique, l’abus verbal et l’exploitation financière, et oblige le tribunal à considérer la violence conjugale ou familiale, lorsqu’il est question de l’intérêt d’un enfant, en tenant compte de différents facteurs.
Redonner à la communauté
Me Garceau se considère chanceuse de pouvoir mener une carrière d’avocate où elle peut aider les gens et trouve important de redonner à la communauté. Elle l’a d’ailleurs fait de plusieurs façons, entre autres en ayant été conseillère au Barreau de Montréal, et membre du Comité de liaison avec la Cour supérieure en matière familiale durant trois ans.
Elle agit également comme mentore auprès des jeunes recrues du cabinet Robinson Sheppard Shapiro. « À l’université, explique-t-elle, on apprend le droit et le contenu, mais pas à négocier, à échanger avec nos collègues, à interagir avec nos clients. En droit de la famille, nous portons plusieurs chapeaux, nous collaborons avec des professionnels de différentes disciplines, nous regardons toutes les facettes de la vie d’une personne dans son quotidien et dans ses affaires professionnelles. Émettre de bonnes opinions, appuyées sur la jurisprudence et la doctrine, vient avec l’expérience, et il est important de prendre le temps de réviser des dossiers avec nos jeunes. Les aider à devenir associés ou à fonder leur propre bureau, c’est pour moi une fierté et une autre façon de redonner à la communauté. »
En octobre 2022, Me Brigitte B. Garceau a été élue députée du Parti libéral dans la circonscription de Robert-Baldwin. « Lorsque Carlos Leitão a annoncé sa retraite, on m’a proposé de me présenter et j’ai accepté avec plaisir parce que c’est une autre façon de redonner à la communauté de l’Ouest de l’Île où je vis depuis 30 ans, ainsi qu’à la société québécoise. De grandes responsabilités viennent avec ce poste et je serai aussi la porte-parole de l’opposition officielle pour des dossiers qui me tiennent à cœur comme les familles, la violence conjugale, la condition féminine et tous les enjeux liés à la protection de la jeunesse. »
Outre le titre d’avocate émérite, Me Brigitte B. Garceau a reçu plusieurs honneurs au cours de sa carrière. Elle a, entre autres, été classée parmi les experts en droit de la famille par Best Lawyers, classée avec distinction pour son éthique professionnelle par Martindale-Hubbell, reçu un certificat de mérite du Parlement pour souligner ses contributions à la communauté et à la démocratie canadiennes, ainsi que la Médaille du jubilé de diamant de la Reine Élisabeth II pour son engagement communautaire.