Dossiers mardi 2 août 2022
Me Nancy Cleman, Ad. E.
Par Marie-Hélène Paradis
Le père de Me Nancy Cleman lui a souvent répété qu’un avocat est aussi un entrepreneur. Une leçon que l’avocate a retenue et qui lui a permis de mener sa carrière de main de maître, malgré les imprévus qu’elle a pu rencontrer sur son parcours.
Me Nancy Cleman est aujourd’hui associée du cabinet Lapointe Rosenstein Marchand Melançon, à Montréal, où elle est responsable du groupe de propriété intellectuelle. Agente de marques de commerce et médiatrice accréditée en droit commercial, elle possède une vaste expertise en droit des affaires, en propriété intellectuelle et en droit des technologies de l’information. Elle a accumulé un solide bagage de compétences au fil d’expériences professionnelles formatrices, tout au long de son cheminement qui n’a pas toujours été rectiligne.
L’esprit d’entrepreneuriat
Me Cleman a entamé ses études universitaires dans le domaine des sciences. Puis, lors d’un cours en droit des affaires, elle réalise que c’est plutôt le droit civil et la common law qui la passionnent. Elle obtient son baccalauréat en droit à l’Université McGill puis, son titre en poche, elle décroche un poste comme stagiaire au sein de la firme BLG (autrefois McMaster Meighen), où elle deviendra associée par la suite. Elle occupera ce poste pendant 14 ans.
Sa pratique a commencé dans le droit maritime et le droit fiscal. Elle a fait une transition en droit commercial, droit corporatif et en propriété intellectuelle avant de devenir agente de marques de commerce. À la suite du départ de deux de ses collègues, le cabinet lui demande d’apprendre le droit du divertissement et le droit de la technologie. « Mon parcours professionnel a alors pris une tout autre orientation. J’ai eu d’excellents mentors et fait de nombreuses transactions. Puis, j’ai reçu une offre de Discreet Logic comme directrice des affaires juridiques », se souvient-elle. La société Discreet Logic a plus tard été rachetée par Autodesk Inc. Après avoir quitté la compagnie, elle obtient des contrats juridiques pour des contentieux d’entreprises et finalement, décide de retourner en pratique privée. « Autrement dit, après presque 20 ans sur le marché du travail, j’ai dû en quelque sorte recommencer ma carrière », dit-elle. Et c’est là que la recommandation de son père en matière d’esprit entrepreneurial a pris tout son sens!
Après avoir travaillé un an à son compte, elle est recrutée par un cabinet et, quelques années plus tard, par Lapointe Rosenstein Marchand Melançon où elle pratique aujourd’hui.
Ce qu’elle aime tout particulièrement dans son métier? Trouver des solutions et développer le volet prévention. « Il faut nouer des liens de confiance avec les clients, être à leur écoute et trouver des façons de régler leur différend sans devoir se présenter devant les tribunaux. Ce sont des défis très stimulants », dit-elle.
De nombreuses implications dans sa communauté
Pionnière dans un champ de pratique comptant peu d’avocates, elle a contribué à l’avancement des femmes dans la profession, notamment en s’impliquant au sein du Comité des avocates dans la profession, au Barreau de Montréal, et dans d’autres organismes qui soutiennent cette cause. « Dans le domaine juridique, on manque d’exemples de réussite féminins et les associées sont moins nombreuses que leurs collègues masculins. Au bout de quelques années, plusieurs quittent la pratique privée et lui préfèrent les contentieux d’entreprise », déplore-t-elle.
Elle s’est aussi engagée dans un projet d’avancement des femmes dans le domaine de la technologie de YES Montreal, et elle est active dans le programme de Mentorat du Barreau de Montréal en tant que mentore pour les étudiants intéressés à une carrière en droit.
Elle a été conseillère pour le Barreau de Montréal et le Barreau du Québec, membre du Comité sur la mise à jour du guide de médiation commerciale et responsable de l’équipe de traduction de celui-ci en langue anglaise, un travail en profondeur qui a même permis d’en bonifier le contenu. Me Cleman est coprésidente du Comité sur l’accès à la justice en langue anglaise du Barreau de Montréal, contribuant ainsi à l’accès à la justice en général.
Conférencière et auteure recherchée, elle met ses compétences juridiques et son expérience en gouvernance au service de divers conseils d’administration et comités d’organismes sans but lucratif, notamment l’Association canadienne du droit de la technologie, dont elle fut la présidente de 2019 à 2021, le Centre Portage, la Société de la Place des Arts et la Fondation Place des Arts. Elle a également été impliquée dans d’autres organismes, entre autres en tant que membre du Comité d’accès de CartAgene et en tant qu’ancienne présidente de Lord Reading Law Society. « Le bénévolat m’a beaucoup apporté et m’a permis de développer plusieurs compétences, comme préparer un discours, donner des conférences, siéger à un conseil d’administration, etc. », souligne-t-elle, heureuse de pouvoir redonner à la communauté.
Le fait d’avoir été choisie pour recevoir la distinction Avocat émérite l’a profondément touchée. « C’est un très grand privilège de recevoir cette marque de reconnaissance de la part de mes pairs. Cela me va droit au cœur, et ce, d’autant plus que je suis une personne discrète qui fait beaucoup de bénévolat et préfère demeurer dans l’ombre. J’y vois le signe que mon travail est reconnu, même s’il s’effectue en arrière-plan », se réjouit-elle.