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Dossiers mardi 2 août 2022

Faire une différence

Me Jocelyn Verdon, Ad. E.

Par Marie-Hélène Paradis

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Me Jocelyn Verdon, Ad. E

Au départ, le but de Jocelyn Verdon lorsqu’il s’est inscrit en médecine était d’aider, mais un cours d’initiation au droit l’a convaincu que sa voie était ailleurs. « Ayant beaucoup aimé l’argumentaire et le fait de pouvoir participer au changement en intervenant auprès de quelqu’un, et donc de faire une différence comme on peut le faire en médecine, j’ai choisi le droit comme carrière. J’avais le sentiment de pouvoir faire cette différence en exerçant le droit. »

En début de carrière, il faisait partie d’une association de médecine et de droit dont Pierre-Marc Johnson était le président. « On y parlait de la disparition de l’église et du fait que le droit et la médecine devenaient des institutions traditionnelles dans la société et prenaient la relève de tout ce touchait aux questions morales, comme l’avortement ou les conjoints de fait. À cette époque, la société québécoise était en pleine évolution et cherchait des forums pour gérer ces questions. Le droit est devenu l’un de ceux-ci. »

Une évolution nécessaire

« À travers les échanges de ce groupe se dégageait une vision du droit différente qui fut le déclencheur vers un vecteur de solution des problèmes sociaux. J’ai constaté, avec la cause « Éric c. Lola », que la discussion sociale permise par le système judiciaire permettait de mettre en relief les problèmes occasionnés par l’évolution de la société », affirme Me Verdon. Selon lui, les obstacles vécus par les conjoints de fait, les conjoints de même sexe, les difficultés de la reproduction, les mères porteuses ou le droit des personnes âgées sont des phénomènes sociaux qui provoquent des discussions et le droit fait partie de ces discussions.

Me Verdon a représenté le Barreau du Québec à la Commission parlementaire sur la réforme du Code de procédure civile et à la Commission parlementaire sur le service de révision des pensions alimentaires. Il tient à souligner à quel point le Barreau joue un rôle important et représente un facteur de discussion sociale incontournable. Auteur, conférencier et formateur apprécié, les écrits, affirme-t-il, deviennent une sorte de vecteur social pour l’évolution du système judiciaire qui est là depuis longtemps et qui ne bouge pas nécessairement au même rythme que la société. Il faut, selon lui, provoquer la discussion, la rendre d’actualité et ainsi être en mesure d’ajuster nos actions.

Récipiendaire de la Médaille de la section de Québec en 2014 et président du Comité en droit de la famille du Barreau du Québec, Me Verdon travaille assidûment à accompagner la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ). Avec celle-ci, il s’est même rendu jusqu’en Cour suprême dans la célèbre cause « Éric c. Lola », qui a fait couler beaucoup d’encre. Tout au long de sa carrière, Me Verdon a voulu faire avancer les choses et provoquer des débats sociaux.

Le système judiciaire, miroir de la société

Pour avoir un miroir fiable, on doit prendre soin de notre système judiciaire estime Me Verdon. En guise d’exemple illustrant la nécessité de faire évoluer le Code civil, il cite le cas des conjoints de fait. Auparavant, la structure de protection de la famille reposait entièrement sur le fait que les parents devaient être mariés devant l’église et cela supposait que les enfants issus hors mariage n’existaient pas vraiment. Aujourd’hui, la situation a complètement changé. Il faut désormais se poser la question : qu’est une famille? Il y a un vide législatif créé par ce manque de définition dans la société. Le système judiciaire essaie de le combler en donnant une signification différente à certains mots pour permettre d’ajuster le droit à la réalité actuelle. Le Barreau joue un rôle de premier plan pour donner une vision globale de ce qui se passe sur le terrain. D’après Jocelyn Verdon, parce que les avocats sont capables de voir le quotidien et les lacunes du système législatif par rapport à des cas particuliers, ils sont aptes à apporter des solutions.

Être fier de la profession

Lorsqu’on lui demande ce dont il est le plus fier, Me Verdon répond sans hésitation. « Je suis fier d’avoir créé une équipe de gens passionnés par le droit qui veulent participer au changement. Le conseil que je donnerais à un jeune avocat ou à une jeune avocate, c’est de ne jamais accepter la réponse à laquelle on s’attend, de toujours regarder qui sont les avocats qui ont provoqué les changements et d’être fiers de leur profession. Cette profession est fondamentalement gratifiante en raison de ses interventions, des agissements de ses protagonistes et des débats pacifiques qui amènent une situation nouvelle tout en protégeant les intérêts des clients. On peut toujours avancer. Il ne faut pas oublier que les clients qui viennent nous voir nous demandent de faire ce qu’ils ne sont pas capables de faire eux-mêmes : débattre de leurs droits dans le respect des lois, rester calme dans une situation tendue et respecter les collègues et le système judiciaire. »

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