Articles mardi 13 juillet 2021
Diversité et parcours d’exception
Par Emmanuelle Gril
Les modèles de réussite issus de la diversité ne manquent pas. Preuve en est le Groupe des Trente, initiative de Concertation Montréal qui vise à faire rayonner 30 leaders inspirants provenant de la diversité ethnoculturelle montréalaise. Portraits de deux participantes de la cohorte 2019-2020 qui sont aussi membres du Barreau du Québec.
Qu’est-ce que le Groupe des Trente
Le Groupe des Trente est le fruit d’une initiative de Concertation Montréal (CMTL), en collaboration avec le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec.
L’objectif? Réunir des groupes de 30 leaders issus de la diversité ethnoculturelle montréalaise et constituant des modèles inspirants pour d’autres membres de leurs communautés. En faisant la promotion et en mettant en valeur des modèles de réussite, le Groupe des Trente cherche à inciter d’autres représentants des communautés ethnoculturelles à s’intéresser aux enjeux de gouvernance et à siéger à des conseils d’administration. Les membres d’une même cohorte ont l’occasion de participer à un programme complet et diversifié d’activités, dont des événements organisés par CMTL et ses partenaires, des occasions de rencontrer des leaders inspirants, des ateliers de formation, des soirées de réseautage, etc. Cette initiative en est actuellement à sa troisième cohorte d’ambassadeurs.
Karina Kesserwan
Née d’une mère russe et d’un père libanais, Karina Kesserwan arrive au Québec à l’âge de 10 ans. Très tôt dans son cheminement, elle se destine au droit, animée par le désir de lutter contre les inégalités et de contribuer à la société. Elle entame ses études à l’Université McGill. Au cours de sa troisième année de droit, elle rejoint les rangs d’un cabinet boutique spécialisé en droit autochtone, O’Reilly et Associés. C’est alors qu’elle a la piqûre pour ce champ de pratique.
Admise au Barreau en 2008, elle part relever de nouveaux défis à Québec en devenant conseillère politique auprès de Pierre Corbeil puis de Geoffrey Kelley, ministres qui furent successivement responsables des Affaires autochtones. Travaillant sur le dossier du Plan Nord et les négociations relatives à l’entente sur la gouvernance dans le territoire d’Eeyou Istchee Baie-James, elle a alors l’occasion de parcourir ce vaste territoire et de rencontrer les leaders des différentes communautés. « Lorsqu’on est active en politique, on dispose de plusieurs outils, et pas uniquement des tribunaux, pour pouvoir faire avancer les dossiers autochtones. Au bout du compte, cela permet d’avoir un impact positif », dit-elle.
Cette riche expérience lui sera d’ailleurs très utile lorsque, de retour à Montréal en 2013, elle décide d’ouvrir son propre cabinet afin de représenter les intérêts des communautés autochtones et d’aider les entreprises qui souhaitent s’implanter dans le Nord québécois.
« Cette branche du droit est très diversifiée et permet de toucher à toutes sortes de domaines. Plusieurs organismes nous confient des mandats : municipalités, établissements de santé, centres culturels, etc. », explique Me Kesserwan qui offre non seulement des services juridiques, mais aussi des conseils stratégiques. Sa connaissance des rouages internes du gouvernement et des ministères lui permet en effet d’accompagner efficacement ses clients autochtones dans leurs projets.
Mais les activités de Me Kesserwan ne s’arrêtent pas là. Membre de la cohorte 2019-2020 du Groupe des Trente, elle siège également aux conseils d’administration de deux organismes : Humanov.is qui soutient les efforts d’innovation sociale dans la transformation des rapports sociaux, et Mikana, qui vise à éduquer et à sensibiliser différents publics aux réalités autochtones.
« À mes yeux, il est important qu’il y ait de la diversité au sein des conseils d’administration. Cela vient enrichir la réflexion avec des points de vue différents et aide à avoir une vision globale des différents enjeux », estime-t-elle.
Sa valeur n’a d’ailleurs pas échappé au milieu d’affaires puisque Karina Kesserwan a été nommée parmi les 100 femmes les plus influentes au Canada par le Réseau des femmes exécutives, et a été finaliste de l’édition 2019 des Mercuriades dans la catégorie Relève, Femme d’exception.
Mona-Lisa Prosper
À l’aube de la trentaine, Mona-Lisa Prosper a déjà une longue feuille de route à son actif. Elle est aujourd’hui directrice, Entrepreneur.es noir.es au sein de Futurpreneur Canada, après avoir été directrice de projets, Investissements étrangers-Europe à Montréal International. Elle a fait son baccalauréat en droit à l’Université de Sherbrooke et a été admise au Barreau en 2013. « Pendant mes études, le cours que j’ai préféré est celui de droit criminel. J’aimais que ce soit concret et que l’on soit plongé dans l’action. Ensuite, j’ai fait mon stage chez une jeune avocate qui pratiquait en solo dans ce domaine. C’était une très belle expérience et j’aurais pu rester dans son cabinet, mais j’ai décidé de prendre une pause pour réfléchir », se souvient-elle.
Ayant toujours été passionnée de mode, Mona-Lisa Prosper décide alors de s’inscrire au bac en commercialisation de la mode à l’Université du Québec à Montréal. Après la première session, elle réalise toutefois que cela ne répond pas à ses attentes et souhaite donner une vraie chance au droit. Elle se lance donc à son compte, et au bout de quelques mois s’associe avec une amie pour développer une structure différente, mieux adaptée à la réalité des start-up. « Je voulais aider les entrepreneurs à créer et à bâtir. Propulsio 360 est un guichet unique pour les différents besoins des entreprises. Cela a été une fantastique aventure! », fait-elle valoir.
Au bout de trois ans, elle éprouve à nouveau le besoin de réfléchir à ses aspirations et ses objectifs professionnels. Ayant développé un vaste réseau, elle se joint pendant quelques mois à une firme de chasseurs de têtes, avant de s’attaquer en mai 2019 à un nouveau défi au sein de Montréal International. Aujourd’hui, elle semble avoir trouvé sa voie et a même entrepris un MBA à HEC-Montréal. Mais cela ne l’empêche pas de se consacrer à d’autres causes. Par exemple, elle est présidente de la Jeune chambre de commerce des femmes du Québec, en plus de siéger au conseil d’administration d’Horizon Carrière, un organisme de l’arrondissement de Saint-Léonard à Montréal qui aide les nouveaux arrivants à s’intégrer et à trouver du travail. Elle a fait aussi partie de la cohorte 2019-2020 du Groupe des Trente, un engagement très important à ses yeux. « Tout ce qui concerne la diversité me touche particulièrement. D’ailleurs, je fais partie de l’équipe instigatrice du mouvement #Ensemble inc., un appel à l’action visant à promouvoir la diversité dans le milieu des affaires, pour mieux assurer la relance économique », indique Mona-Lisa Prosper.
Active sur tous les fronts, la jeune femme confie que son leitmotiv est de contribuer à ce que d’autres personnes puissent trouver elles aussi leur place. « Si j’ai pu bénéficier d’opportunités, c’est parce d’autres avant moi ont travaillé fort. Je veux pouvoir faire ma part et redonner. Aujourd’hui, je veux poser des actions concrètes pour que les causes ou les organisations auxquelles je crois puissent avancer », souligne-t-elle.